
Interview d’Aurore Tran, CMO chez Foodvisor
Il y a quelques jours nous sommes allés à la rencontre d’un de nos voisins à Station F, qui a intégré le Facebook StartUp Garage en juin dernier. On vous présente donc aujourd’hui l’application qui vous rendra fier de dire que vous êtes ce que vous mangez ! Et cette application c’est Foodvisor, une app (disponible sur iOS et Android) qui scanne et analyse votre assiette en quelques secondes, pour vous permettre de savoir ce que vous mangez et de contrôler votre alimentation de manière simple, rapide et ludique.
On a passé un moment avec Aurore TRAN, CMO de Foodvisor, qui nous en a appris un peu plus sur cette appli un peu révolutionnaire qui compte déjà 550 000 utilisateurs en 6 mois.
EN 5 POINTS CLÉS :
1. Des chiffres, des chiffres, des chiffres
- Naissance en 2015
- 4.5/5 sur l’App Store
- 550 000 utilisateurs depuis janvier 2018
- Une équipe de 12 personnes
- Intégration au Facebook StartUp Garage en juin 2018
2. Un projet de recherche pour nous apprendre à mieux manger
Tout commence à la fin des études des trois autres co-fondateurs, anciens Centraliens, qui bouclent leur parcours scolaire par un projet de recherche sur des algorithmes de reconnaissance de nourriture dans le domaine de la vision par ordinateur. Derrière l’appli aujourd’hui se cachait donc un vrai projet en quelque sorte pédagogique qui avait pour objectif de permettre aux gens de savoir ce qu’il y a véritablement dans leur assiette. Tout ceci grâce à une solution qui rend le process aussi simple et ludique que de « shazamer » une chanson dans un bar. Une solution pour nous réapprendre à manger mieux, facilement.
3. Un algorithme au service de la santé
Grâce à un algorithme de deep-learning (une branche de l’intelligence artificielle), l’application identifie les aliments sur une image et renvoie les données nutritionnelles correspondantes. Plus de perte de temps à entrer tous les aliments à la main : une photo et on connait la valeur nutritionnelle de notre assiette. Aujourd’hui, Foodvisor est capable de reconnaître plus de 1000 aliments grâce à une base de données qui grossit chaque jour, de quoi scanner plus d’un repas. Même si l’application ne saura pas évaluer la dose de sauce tomate dans votre assiette de pâtes bolognaise, Foodvisor nous propose une solution beaucoup plus ludique et simple que les alternatives sur le marché. D’autre part, l’utilisateur peut personnaliser ses aliments et affiner les résultats du scan de son repas, ce qui améliore aussi la précision des algorithmes par la suite. Vous avez dit win-win ? Definetely !
4. Un service ultra personnalisé pour les abonnés Premium
Foodvisor a à cœur d’offrir la meilleure expérience utilisateur possible, avec une option gratuite qui permet de découvrir l’app avant de s’abonner et une option Premium plus personnalisée encore. Contrairement à beaucoup d’applications de contrôle de l’alimentation, on gagne du temps puisqu’on n’entre pas tous les éléments à la main. Après avoir téléchargé l’app, on entre son poids, sa taille et son objectif (perte de poids, contrôle de l’alimentation, puissance sportive), et en quelque clics on sait combien de calories on pourra consommer dans la journée. Ensuite, il faut être consciencieux et contrôler ses assiettes en les prenant en photo avant de manger. Le petit plus : on peut aussi avoir accès à un coaching personnalisé en fonction des besoins et des envies avec des bilans et des chats avec une diététicienne, mais aussi à des recettes adaptées, en optant pour la version Premium (à partir de 4.99€/mois).
5. Guakka, le petit avocat qui voit déjà grand
Déjà, on commence par faire les présentations. Guakka, c’est le petit avocat très impliqué avec vous dans le suivi de votre alimentation que vous verrez partout si vous téléchargez l’application.
Et Guakka a pour ambition de s’exporter par la suite à l’international notamment aux Etats-Unis et en Grande Bretagne, où le marché existe bien car ces pays cherchent déjà à contrôler ce qu’ils mangent mais sans avoir accès à une solution telle que Foodvisor. Good Luck, Guakka !
Sur le marché français, l’objectif est surtout de travailler sur l’existant afin de mettre en place de nouvelles fonctionnalités et de sans cesse améliorer le process et l’expérience pour les utilisateurs. L’idée, c’est que l’app soit de plus en plus simple à utiliser, de plus en plus performante et qu’elle réponde aux besoins nouveaux des utilisateurs.
Interview :
Aurore, quel est ton rôle chez Foodvisor?
Je suis l’une des 4 co-fondatrices de Foodvisor. Je suis en charge du marketing et de l’acquisition de nouveaux utilisateurs.
Foodvisor, qu’est-ce que c’est?
Une application qui permet de mieux manger très simplement grâce à la photo. Vous prenez en photo votre assiette et on va identifier les aliments présents et on vous renvoie les infos nutritionnelles correspondantes. Le but c’est d’apprendre à mieux manger et à équilibrer votre alimentation, tout en se faisant plaisir. Il y a aussi tout un côté recommandations : comment est-ce que je vais manger mieux et qu’est-ce qui est bon pour moi ?
L’histoire derrière Foodvisor, c’est quoi?
On a créé la startup, il y a trois ans car on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de moyens simples de suivre son alimentation. Il existe beaucoup d’applis où on peut suivre ce qu’on mange mais on doit tout faire manuellement. C’est très chronophage et la plupart des gens abandonnent rapidement. Les autres co-fondateurs, ont fait Centrale Paris dont deux spécialisés dans la vision ordinateur. Lors de leur dernière année, ils ont décidé de faire un projet de recherche sur les algorithmes de reconnaissance de nourriture. Donc l’idée est vraiment partie d’un projet de recherche. Et ensuite quand on s’est rendu compte qu’il y avait un vrai besoin et un vrai marché, c’est passé de l’algorithme à une vraie startup.
On a lancé plusieurs versions betas de l’app en 2016 et on a fait le lancement officiel en 2018 sur iOS et Android. Sur iOS, on a aussi une version premium qui va plus loin de juste le quantitatif de l’assiette et qui propose des solutions de coaching personnalisé, une diététicienne qui communique directement avec les utilisateurs sur l’application et qui répond à leurs questions, il y a des recettes, des bilans pour aider les utilisateurs à atteindre leurs objectifs.
Aujourd’hui, on est une équipe de 12 personnes et on vient d’intégrer l’incubateur de Facebook à Station F. On a plus de 550 000 utilisateurs aujourd’hui et notre objectif maintenant c’est d’accroître notre positionnement sur la France, mais aussi de s’internationaliser. Il y a des opportunités notamment aux Etats-Unis et en Angleterre avec des gros marché. Les gens trackent déjà tout ce qu’il mange et il y a pas mal de concurrents déjà en place mais aucun n’a la prise de photos.
On veut aussi améliorer le produit, on fait pas mal de boucles et on essaie d’être proche de nos utilisateurs pour à la fois mieux comprendre qui ils sont et en fonction de leurs besoins et de leurs retours.
Dès le début vous saviez que ça allait ressembler à ça? Ou est-ce que vous avez eu à faire quelques pivotages ?
Une chose est sûre, c’est que ça change continuellement. Là par exemple aujourd’hui, on se rend compte que finalement ce qui est le plus utilisé dans la version Premium, ce sont les bilans et pas le chat avec la diététicienne. Donc on vient de sortir une version qui améliore ces bilans et on va peut-être essayer de faire des bilans quotidiens ou hebdomadaires. En fait, on essaie d’évoluer en fonction des besoins utilisateurs. Souvent, on part dans une direction et puis finalement on change, c’est forcément amené à bouger en fonction de ce que veulent et aiment nos utilisateurs.
Un peu plus en détail, quelle est la techno derrière Foodvisor?
C’est un algorithme de deep learning, qui est une branche de l’IA. Elle nous permet, sur une image, d’identifier les aliments présents, puis d’estimer les quantités. C’est ensuite comparé à notre base de données et on sait combien de calories ça vaut et on renvoie les informations en quelques secondes. Et donc plus on a d’utilisateurs, plus on a d’image et mieux ça fonctionne. En ce moment, on récupère environ 15 000 images par jour. Ça s’améliore assez vite et pour l’instant on reconnait un peu près 100 aliments différents. On a aussi beaucoup de produits emballés dont on peut reconnaître les codes-barres. Finalement, ce sont les utilisateurs qui nous aident à améliorer la technologie.
Et cette techno elle a des limites?
Bien sûr, il existe des limites techniques puisqu’il y a des choses qu’on ne peut pas identifier dans l’assiette simplement à partir de la photo, comme la quantité réelle de beurre qu’on a mis pour cuire son steak par exemple. Donc le but pour nous, c’est vraiment de créer et d’offrir la meilleure expérience utilisateur possible.
Par exemple, pour une salade composée, on va proposer un composition type pré remplie et ensuite l’utilisateur peut cocher ce qu’il a mis dedans. Tout ce qui est pizza, sandwich fonctionne de la même manière. On essaie vraiment de simplifier, même s’il pourra y avoir de l’input manuel, ce sera toujours plus simple et plus fin que les solutions où tout est manuel.
Et le petit avocat, d’où ça vient?
On était en fait pas du tout partis là-dessus au départ et on pensait plutôt à un animal mais notre designeuse nous a proposés un dessin de Guakka et finalement, sans qu’on s’en rende compte, on a commencé à le mettre partout et c’est devenu notre mascotte. Dans nos bureaux, on a des petits Guakka partout, qui fait du sport, qui mange etc. C’est assez fun !
Vous avez récemment intégré le Facebook StartUp Garage, comment se passe l’aventure pour le moment?
Alors, il y a vraiment trois choses importantes que facebook nous apporte :
L’accompagnement: dès que besoin on a tous les experts FB qui peuvent nous aider sur pleins de problématiques différentes
Il y a aussi des workshops sur différents thèmes, assez longs et qui rentrent vraiment en profondeur avec des experts Facebook qui viennent et nous donnent vraiment beaucoup de ressources pour qu’on puisse atteindre nos objectifs. C’est bien aussi car le programme dure six mois mais on a des objectifs et des deadlines dans cet horizon qui nous permettent de nous projeter parce que c’est vrai qu’au quotidien, on a parfois un peu la tête dans le guidon, donc ça nous aide vraiment à prendre du recul en étant conseillés., fixe et des deadlines avec des objectifs.
Il y aussi bien sûr tout le côté communication parce que Facebook a une énorme force de frappe donc leur équipe de com nous aide et ils ont beaucoup communiqué sur les startups qui ont intégré l’incubateur. Ça nous donne beaucoup de visibilité et aussi un peu de crédibilité.
On sait qu’un des objectifs clés du Facebook StartUp Garage c’est la gestion de la donnée, comment ça se passe chez Foodvisor?
C’est vrai que nous on fait de la RGPD et qu’on gère des données de santé et données sensibles donc comme on n’a pas de data scientist en interne, Facebook va nous aider dans la gestion de ces données ;
Le nom c’était un hommage à TripAdvisor?
Le nom nous est venu assez naturellement. En fait, dès le début on avait pour objectif de s’exporter aux Etats-Unis donc on voulait que ça puisse se prononcer en anglais. C’est en fait simplement la combinaison de Food et Advisor. Advisor puisqu’il y a le côté conseil : on dit souvent qu’on est un coach de poche ou qu’avec Foodvisor, on a un nutritionniste dans la poche. C’est simple et ça parle de soi-même !
Vos utilisateurs type: qui sont-ils ?
On a plusieurs types d’utilisateurs. Ce qui sont les plus engagés, ce sont plutôt les femmes dans la tranche des 18-35 ans avec différents objectifs, mais beaucoup s’inscrivent pour perdre du poids. On a aussi beaucoup de très sportifs qui s’inscrivent pour tracker et améliorer leurs performances.
Et de l’autre côté, on a aussi les utilisateurs moins réguliers qui veulent pouvoir manger mieux mais qui ne trackent pas tous leur repas. C’est plus pour le contrôle et la connaissance de ce qu’il y a dans leurs assiettes.
Vous comptabilisez maintenant plus de 500 000 utilisateurs fidèles, qui vous ont même donné des bonnes notes sur l’App Store, à quoi devez-vous ce succès ?
Sûrement déjà la saisonnalité du lancement de l’app puisque c’était en janvier, à la fin des fêtes. On a tout de suite eu une forte croissance car beaucoup de gens s’inscrivaient pour perdre du poids. Ensuite, on a aussi eu pas mal d’apparitions à la télévision : on est passés au JT et à TéléMatin. Nos RP sont gérés en interne mais on a fait des campagnes d’acquisitions et des mises en avant sur l’AppStore aussi. 80% d’efficacité de l’app, c’est super depuis le lancement en janvier 2018, mais vous avez des pistes pour faire mieux ?
Manger bien, suivre son alimentation, aujourd’hui c’est devenu plus qu’une simple tendance, pourtant c’est difficile – surtout quand on sait que 44% du budget alimentation des millenials est dépensé en restaurant et en livraisons à domicile… Foodvisor serait donc la solution?
Oui exactement. Pour nous, l’objectif c’est d’aider les gens au quotidien, aussi bien quand tu es chez toi, qu’au resto ou quand tu commandes à manger. L’avantage, c’est que tu l’as toujours avec toi comme c’est sur ton téléphone. L’objectif, c’était vraiment un accompagnement sur tous les usages où on peut se retrouver en train de manger.
Est-ce qu’il y a un déclencheur particulier qui fait passer les utilisateurs sur la partie Premium?
On n’a pas encore eu l’occasion de remarquer de tendances particulières vu que c’est sorti seulement il y a quelques mois. Mais ce qui est intéressant c’est que 50% des gens qui achètent le font au moment de l’onboarding. C’est peut-être comme une façon de s’obliger comme quand tu payes une salle de sport. Ce qui est génial après c’est que les gens qui sont Premium sont ensuite beaucoup plus engagés.
Les next steps pour Foodvisor, c’est quoi?
Bien sûr on veut s’exporter et s’internationaliser mais on a aussi développé dernièrement beaucoup de nouvelles fonctionnalités. Notre objectif c’est maintenant d’améliorer l’existant et surtout les premiers pas sur l’app et l’onboarding, le premier repas à logger etc. Le but c’est de pouvoir engager l’utilisateur dès le départ et être sûr qu’il restera engagé sur l’app. On va travailler sur de axes de reward et de social. On a un groupe privé sur Facebook de motivation et de support où les gens se présentent, se motivent, partagent leurs résultats. Ils se félicitent et se conseillent. Je pense aussi que l’acte de viralité pour l’app, il passe aussi par le social.
On travaille aussi sur des partenariats éventuels avec des boîtes de livraison de repas ou des salles de sports.
Le mot de la fin: on va finir la saison estivale en challengeant notre communauté et leur demander d’imaginer la food du futur, vous avez une idée vous de ce que ça pourrait donner dans 30 ans ?
Je pense qu’on va aller vers de plus en plus de nourritures alternatives comme on voit déjà aux Etats-Unis avec les insectes, les viandes végétales. Car indéniablement les ressources vont s’épuiser et on va devoir de plus en plus se tourner vers une alimentation différente. Peut-être qu’on va aussi aller vers de plus en plus de livraisons à domicile, on aura peut-être des distributeurs partout et des frigos dans la rue !
En tout cas pour ma part, même si c’est comme ça que ça se passe, je sais que j’aurais toujours plaisir à m’asseoir à table et à être bien entourée pour manger parce que pour moi manger, c’est toujours un plaisir et c’est un moment de partage.
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