Ce mois-ci nous nous concentrons sur l’entrepreneuriat, et plus particulièrement les start-up, qui représentent un nouveau souffle dans ce secteur. On démarre notre thématique en s’intéressant à la relation start-up / millenials.
Aujourd’hui on a l’impression de tout le temps entendre parler de nouvelles start-up ou de lire des articles qui retracent le parcours d’un brillant entrepreneur qui a tout lâché pour lancer sa propre entreprise et j’en passe. Entrepreneuriat, innovation, start-up, jeune pousse apparaissent comme être les mots du moment notamment concernant les plus jeunes générations. La question est de savoir s’il ne s’agit que de cas isolés ou s’ils reflètent une vraie tendance entrepreneuriale chez les millenials ?Tout d’abord faisons un point sur les jeunes et ce qui a changé avec leur arrivée dans le milieu du travail. En tant que jeune issue de la génération Y, je ne vais pas faire d’amalgames ou dire des banalités, mais plutôt essayer de comprendre les nouvelles tendances.Qui sommes-nous, nous les millenials ? La génération Y ? Qu’allons-nous modifier sur le marché du travail ?
Travail = épanouissement
L’une des premières choses à savoir c’est que nous ne voyons plus le travail comme un simple moyen de subvenir à nos besoins. Etant donné le temps que nous passons à travailler dans notre vie, il doit être une source d’épanouissement, de stimulation et de bien-être. Ainsi, dans la hiérarchie des valeurs, on remarque que pour la plupart des millenials, le sens prime sur l’effort. Dans cette logique il est aussi très important de trouver un bon équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, permis par une autonomie accrue.
Une génération digitale
De plus, rappelons-le ici, nous sommes la génération digitale, ainsi avec un accès permanent et rapide aux informations, nous sommes devenus des citoyens du monde et avons très rapidement été sensibilisés par les enjeux du développement durable et responsable. Il est donc compréhensible que ces valeurs nous aient marquées et que nous cherchions à les retrouver dans les entreprises dans lesquelles nous allons travailler. Nous avons un réel besoin de trouver un sens à ce que nous faisons, et de nous sentir utiles. C’est pourquoi nous ne voulons plus travailler dans la première entreprise que nous trouvons, mais être sûrs que cette entreprise correspond à nos attentes.
Pour résumer, nous sommes une génération sensibilisée et engagée, qui cherche à s’épanouir au travail. Cependant pour de plus en plus d’individus, ces critères ne sont pas retrouvés dans les entreprises dites classiques, ce qui peut en partie expliquer le succès croissant de l’entrepreneuriat chez les millenials.
L’entrepreneuriat, la solution à tous les problèmes ?
Les chiffres varient selon les études, mais on note quand même un attrait grandissant pour l’entrepreneuriat qui est d’autant plus visible chez les 20-35 ans (étude réalisée par Ipsos), donc pile-poil les millenials. Ainsi au premier abord, on peut trouver ça étonnant que des jeunes qui n’ont pas ou très peu connu le monde de l’entreprise se lancent dans l’aventure entrepreneuriale. Mais après réflexion, on réalise qu’en fait ce sont eux qui ont le moins à perdre, il existe de nombreuses aides financières (l’ACCRE, le statut d’étudiant-entrepreneur, la jeune entreprise universitaire, les accompagnements Créa Jeunes et Cap’Jeunes…) et si jamais le projet ne fonctionne pas, ils pourront toujours réintégrer un circuit plus « classique », forts d’une expérience plus qu’enrichissante.
Afin d’en savoir plus sur ce désir d’entreprendre, le mieux c’est d’en discuter avec des entrepreneurs. Nous avons la chance à l’accélérateur de vente-privee de travailler avec une start-up de la fintech très prometteuse qui permet d’optimiser les circuits de paiement, et qui a été cofondé par des millenials : Process Out. Jérémy, l’un de ces co-fondateurs a accepté de répondre à nos questions.
L’invité
Impulse : Comment vous êtes-vous rencontrés ?
ProcessOut : C’est assez simple, il y en a 5 des 6 de base qui sont dans la même école, même promo, même classe. Mais ça s’est quand même fait petit à petit ; au début il n’y en avait que deux de la classe, puis on s’est regroupé autour du projet. Le 6e membre de la team, Grégoire, on l’a rencontré lors d’un event de la BNP quelques mois après. Les personnalités ont matché et il a commencé à travailler avec nous, à nous aider les week end, le soir et de fil en aiguille ça paraissait naturel qu’on s’associe.
Impulse : Comment avez-vous eu l’idée de votre projet ?
ProcessOut : A la base, c’est Manu qui a commencé à travailler dans son coin, sur quelque chose qui n’a rien à voir avec ce qu’on fait aujourd’hui, mais toujours dans le secteur du paiement. Il a bossé sur ce projet avec Louis-Paul, car ils étaient tous les deux en Californie pour leur semestre à l’étranger, et à leur retour, on s’est greffé sur leur projet avec les autres.Pour la petite anecdote, à la base, Manu avait réuni toutes les bases de données qui s’étaient fait hacker et avait été mises en libre accès sur internet. A partir de ces données, il en avait fait une sorte de moteur de recherche, c’est-à-dire qu’on pouvait rentrer son nom et voir si on était dans les bases qui avaient été piratées. Ça a pas mal buzzé, et au moment où il a voulu monétisé cette idée, il s’est rendu compte que le paiement en ligne était une horreur, et c’est de là qu’est partie l’idée de ProcessOut.
Impulse : Pourquoi vous être lancés alors que vous n’avez pas encore fini vos études ?
ProcessOut :On avait tous envie de faire quelque chose de différent, et pas juste être en cours et faire les projets de l’école. En plus de ça je pense que c’est un peu le meilleur moment, car on n’a pas de pression, on ne court pas après le temps, on est encore un peu aidés par nos parents, ça soulage beaucoup.
Impulse : Votre école vous aide-t-elle ? comment ?
ProcessOut : L’école nous aide beaucoup ! Déjà ça a commencé par l’incubateur de l’école, start-up 42, qu’on a rejoint mi 2015 et qui nous a aidé à passer de l’état projet à quelque chose de concret, à monter une vraie boîte et découvrir le monde de l’entrepreneuriat.
Nous avons aussi pu bénéficier du réseau de l’école et de l’accélérateur. Derrière tout ça, il y a une vraie aide et un accompagnement pour aménager notre temps entre les cours et la start-up. Leur objectif est vraiment de nous soutenir pour porter le projet jusqu’à la fin.Normalement la plus grande partie de l’équipe sera diplômée cette année et Louis-Paul et moi, l’année prochaine, si tout se passe bien (rire).
Impulse : Quelle a été la réaction de vos proches quand vous vous êtes lancés ?
ProcessOut : Le projet a été très bien perçu. C’est arrivé à une période où on rentrait tous d’un semestre à l’étranger, les cours nous intéressaient moins, mais devenaient plus compliqués en même temps. Cela nous a permis de nous reconcentrer sur un projet concret et de nous donner une motivation. Pour nous tous, l’idée a été très bien acceptée, at aujourd’hui nos parents nous soutiennent et nous aident.
Impulse :Est-ce que tu souhaiterais un jour retrouver un parcours plus « classiques » et rejoindre une entreprise ? Pourquoi ?
ProcessOut :C’est une question que je me pose tout le temps. Après je pense que forcément, oui je rejoindrai un jour une entreprise, mais après est-ce que ça durera longtemps ? Je ne sais pas. Ça dépendra vraiment du cadre, il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Je pense que je me verrais bosser dans un grand groupe, mais si c’est toujours en lien avec l’univers start-up, par exemple côté innovation. Sinon je pense que je craquerais.
Impulse : La suite pour votre start-up ?
Processout :Là on est en phase d’agrandissement de l’équipe, c’est un gros cap à passer, car on a commencé une restructuration pour préparer la start-up à accueillir des nouveaux membres. C’est quelque chose qui prend beaucoup de temps et qui va en prendre encore beaucoup mais on a vraiment besoin d’élargir l’équipe technique.Moi j’aimerais continuer à travailler pour cette start-up tant que je peux continuer à apporter quelque chose et essayer de l’amener le plus loin possible. Ce qui me plaît dans l’esprit start-up c’est qu’il n’y a pas forcément de hiérarchie poussée à l’extrême, tout le monde s’écoute et s’intéresse.
Impulse : Un conseil pour des jeunes qui veulent se lancer ?
ProcessOut : Mon conseil c’est de le faire vite ! Je vais redire ce que j’ai dit, mais c’est une chance de commencer tôt, de ne pas avoir de pression, de deadline, de prendre le temps pour bien faire les choses. Ce n’est pas quand tu auras, une femme, des enfants et des trucs à payer tous les mois que ça sera le plus facile pour se lancer. C’est hyper excitant et passionnant comme activité donc vaut mieux commencer le plus tôt possible.
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